Depuis plus d’un an maintenant, un très grand nombre de salariés a expérimenté puis intégré de longues périodes de télétravail. Les services de prévention ont tenté d’accompagner cette évolution tant bien que mal.

Avec la généralisation du télétravail, la prévention est-elle un sujet disparu ?

Nous l’avons bien vu, le télétravail apporte – comme tout changement – des avantages et des inconvénients. Clairement, nous ne sommes pas tous égaux face à cette situation. Cependant, quelle que soit la situation, on constate que les accompagnements apportent un véritable soutien.

Il est intéressant de voir comment chaque entreprise agit, ou pas, face à ce sujet, quelles stratégies elle décide d’adopter. Parmi les réticences à parler de prévention aux salariés qui télétravaillent, j’entends : « comme les gens sont chez eux, cela relève de la sphère privée » ; « on ne va pas encore ajouter cela » ; « on ne sait pas combien de temps cela va durer alors on verra plus tard »… Et pourtant, les raisons pour agir demeurent : « les salariés sont déconnectés » ; « il y a beaucoup moins de liens » ; « cela éloigne les équipes » ; « à chaque déconfinement, on constate une recrudescence d’accidents », etc.

J’ai alors constaté que des initiatives avaient été lancées mais l’accueil des salariés « télétravailleurs » n’est pas toujours formidable. Pour y faire face, la première réaction des préventeurs a souvent été d’apporter des conseils et des rappels sous forme de sensibilisations à distance. Cette approche pédagogique présente l’avantage de donner une réponse rapide et standardisée mais elle est insuffisante et souvent considérée comme rébarbative. En effet, les webinars ou les e-learnings sont généralement descendants et sans interaction. Cela n’apporte de résultats que si le but est de transmettre une information, de la faire comprendre, voire d’ancrer quelques sujets suite à la formation.

Mais, dans le cas présent, que recherche-t-on ?

 Or, l’intention du préventeur, aujourd’hui, est de générer un sentiment positif aux salariés, de développer leur sentiment d’appartenance à une équipe ou un groupe quand bien même chacun reste chez soi. Autrement dit, en plus du contenu, il convient d’intégrer de la pédagogie active et participative dans les modules.

Avec le distanciel – vous l’avez constaté -, il n’est pas facile de créer une synergie, de faire participer tout le monde à cause des décalages. Pour autant, il faut éviter de tomber dans les mêmes pièges que dans de très nombreuses formations classiques où un « sachant » s’exprime, avec le support d’un PowerPoint, et où les autres se contentent d’écouter. Pour ma part, je considère qu’il est beaucoup plus efficace d’adopter une approche où les salariés, accompagnés par le formateur, deviennent acteurs de la sensibilisation, en les faisant expérimenter et en intégrant ce qu’ils savent.

Comment susciter de l’intérêt pour la QVTT ?

Vous devez donc préparer votre sensibilisation comme si elle se déroulait en présentiel participatif : anticiper les interactions, imaginer comment distribuer la parole, les exercices, les sous-groupes. Ainsi, la participation des salariés existera si vous utilisez correctement les outils informatiques mis à votre disposition.

Cela apportera des résultats aussi probants que lorsque nous nous sommes mis à animer des formations actives (au lieu de formations descendantes) il y a une quinzaine d’années. Les salariés se sont mis à aimer la prévention tout en s’amusant.

Il s’agit donc de tenir vos collaborateurs en haleine, même à distance, afin qu’ils ne se déconnectent pas, qu’ils ne coupent pas leur micro ni leur caméra. Bien sûr, si vous leur annoncez une session d’une demi-journée sur la QVTT, vous devez vous attendre à ce que les participants ne montrent guère d’enthousiasme, voire de l’inquiétude. Mais en utilisant une formation distancielle participative, votre satisfaction sera de voir leur participation croître tout au long de la session. Vous aurez, probablement, comme cela a été mon cas, le plaisir d’entendre les participants indiquer à la fin de la session : « Je n’ai pas vu passer le temps » ; « Vous nous avez fortement intéressés pendant 3 heures, surtout au sujet des risques liés aux TMS » ; « Je ne pensais pas qu’on puisse faire quelque chose d’aussi actif, d’aussi fun et qui fasse du bien ».

Les managers, eux-mêmes, en reconnaissent les bienfaits : « J’ai pris du temps pour moi et pour mon équipe » ; « Nous allons inclure des exercices pratico-pratiques dans nos réunions teams grâce à ce module ! ». Cette dernière phrase de manager est importante. Au-delà de ce que chacun peut vivre, il s’agit de voir ce que chacun peut en faire : garder des points de progression pour soi et pour les autres.

Quelles techniques utiliser pour aborder la QVTT ?

Les thématiques les plus généralement abordées sont : les tensions, le stress, les TMS, l’analyse de son poste de travail, le sommeil, l’alimentation. Vous devez adapter ces thématiques en fonction de vos attentes et de celles de votre équipe.

En termes de méthode, gardez toujours en tête que la participation est fondamentale. Proposez aux participants de connecter leur caméra : dans plus de 85 % des cas, ils acceptent même si ce n’est pas obligatoire. De plus, donnez-leur régulièrement la parole pour les maintenir en éveil, les faire réfléchir et collaborer.

Les méthodes participatives sont adaptables et diverses :

  • questionnement à tour de rôle,
  • quiz,
  • auto-tests,
  • exercices d’auto-massage,
  • échauffements,
  • étirements,
  • pratique de respiration,
  • mouvements articulaires contrôlés,
  • réflexion sur une pause efficace,
  • des exercices pour les yeux…

La variété des exercices, la méthode pédagogique, le rythme et l’enchaînement de ces périodes permettent à chacun de passer un bon moment d’apprentissage.

Vous constaterez à quel point la participation de vos salariés évolue au cours de la sensibilisation. Comme lors d’une formation classique, ils s’attendent à recevoir du contenu et à être plutôt passifs. Mais les exercices collaboratifs leur permettent de se rendre compte qu’ils possèdent déjà beaucoup de connaissances. Il s’ensuit naturellement leur adhésion à agir immédiatement pour améliorer la prévention.

Comment mettre en place des actions immédiates ?

Prenons un exemple simple : lorsque l’on parle de bien-être, tous s’accordent à dire qu’il faut boire de l’eau régulièrement. Pour cela, les salariés disposent généralement d’une bouteille d’eau à portée de main. Or, on constate qu’à la maison, les salariés l’ont deux à trois fois moins souvent à portée de main qu’au bureau et que, par conséquent, ils boivent moins.

Autre exemple : auto-analyser son poste de travail et y apporter des améliorations immédiates pour éviter des TMS est un exercice extrêmement simple mais tous ne l’ont pas forcément réalisé.

C’est pourquoi vous devez permettre à chacun de vos collaborateurs de se questionner sur ses habitudes, l’inciter à instaurer des routines pour bouger.

Ainsi, vous l’avez compris, l’objectif est de s’adapter à cette nouvelle situation. Qu’elle dure ou pas, l’état d’esprit prévention doit continuer à être transmis. Vous vous devez d’accompagner chaque collaborateur afin qu’il découvre, chaque jour, qu’il dispose de ressources propres pour progresser.

La QVTT est fondamentale. Ce sujet est un vrai sujet de prévention à aborder. Quant à vos interventions – qu’elles soient en webinar ou en réunion visio, qu’elles durent quelques minutes ou 3 heures -, n’oubliez pas qu’elles peuvent être actives et participatives. En dynamisant vos actions distancielles, vous en améliorerez l’impact.

ATTENTION LES ÉCHANGES

Attention à la notion de participation ! Faire participer ne veut pas dire : poser une question et attendre.
Aborder la QVTT par des échanges, par des discussions où sont exposées toutes les problématiques, toutes les difficultés, toutes les tensions : est-ce efficace ? C’est parfois vrai mais cela peut aussi exacerber des tensions, des frustrations et générer un effet de groupe négatif.

C’est pourquoi je vous conseille d’accompagner les échanges pour qu’ils soient gérés de façon constructive et positive.

De plus, apportez l’envie de progresser grâce à des actions simples et concrètes.

La QVTT n’est pas seulement ce que l’entreprise ou le manager met en place. La QVTT, c’est aussi un travail individuel au quotidien, ce sont des routines faciles à instaurer.

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