Le ¼ d’heure sécurité, appelé aussi causerie, est un atout très puissant qui contribue à la réussite d’une stratégie prévention.
Pour vous guider à réussir ces ¼ d’heure sécurité, nous vous proposons d’évoquer d’abord les pièges dans lesquels il faut éviter de tomber puis nous verrons quelques leviers essentiels à intégrer.
Piège n°1 : le faire animer par les préventeurs
Parfois, pour gagner du temps, pour aider les managers, les préventeurs animent eux-mêmes les ¼ d’heure sécurité. Ils vont sur le terrain, réunissent les équipes avec le manager et animent ou co-animent ce temps fort avec le responsable managérial de l’équipe.
De notre point de vue, ce choix d’animation n’est pas pertinent et nous vous en donnons trois raisons principales :
– Parce que le ¼ d’heure sécurité n’est pas une affaire de spécialiste. En le faisant animer par le préventeur, nous donnons l’impression qu’il faut être un professionnel de la sécurité pour animer ces moments. Dans ce cadre-là, le manager est auditeur au même titre que les autres salariés. Cela ne développe pas son implication. Par ce système, le manager ne s’affiche pas comme le porteur de la prévention. Ce principe laisse penser que les préventeurs font de la prévention et que les managers produisent avec leurs équipes. C’est une occasion ratée pour développer l’implication managériale.
– Parce que le ¼ d’heure sécurité est un temps d’échange et d’engagement. Or, l’échange est efficace quand il est personnalisé par rapport à l’expérience de l’équipe et l’engagement est pertinent quand il est suivi au quotidien. Le manager présent avec l’équipe est le mieux placé pour atteindre ce double objectif. Il sait ce qui s’est passé au cours des derniers jours et l’activité qui attend l’équipe pour la période à venir. Par ailleurs, si un engagement est pris lors de ce 1/4 d’heure sécurité, il sera plus fort s’il est pris entre le manager et son équipe plutôt qu’avec le préventeur qui ne restera pas sur le lieu de travail.
– Parce que le préventeur ne peut techniquement pas animer les ¼ d’heure sécurité de toutes les équipes de façon régulière, à part s’il ne fait plus que ça et nous savons bien que la mission du préventeur est déjà très dense.
Piège n°2 : ne pas former les managers de proximité
Souvent, les préventeurs nous disent : « chez nous, les ¼ d’heure ne fonctionnent pas bien ; les managers n’atteignent pas à leur objectif ; nous avons donc besoin de nouveaux outils, plus efficaces ; il leur faut des outils pertinents, personnalisés ». Graphito prévention est reconnue pour la création de très nombreux outils. Toutefois, nous n’hésitons pas à dire : « vous pouvez donner le meilleur outil qui soit à une personne mais si elle ne sait pas comment animer ou n’a pas la profonde motivation de l’animer, cela ne marchera pas ».
Les managers ont besoin d’être formés à l’animation des ¼ d’heure sécurité avec 2 objectifs :
Objectif 1 : Donner l’envie, la motivation d’animer ces ¼ d’heure à tous les managers. A chaque début de formation ¼ d’heure, les managers parlent tous des freins. Ils n’ont pas le temps ou ne comprennent pas l’utilité de ce type d’actions. Parfois même, ils disent « mais pourquoi le préventeur ne se charge pas de ça ? C’est lui qui porte la sécurité ». Il est essentiel d’embarquer les managers dans la démarche, de leur donner l’envie de déployer la sécurité et de susciter la motivation. C’est parfois le plus gros défi d’une formation au ¼ d’heure sécurité.
Objectif 2 : leur apporter les techniques qui permettent de faire participer et également de déployer des 1/4 d’heure sécurité efficaces avec, comme objectif, de changer réellement telle ou telle façon de faire de l’équipe. Avec des techniques et des outils, le manager prend alors du plaisir au cours de ses animations ¼ d’heure sécurité et toute l’équipe le ressent. La sécurité n’est donc plus une contrainte mais un atout.
La plupart des écueils du ¼ d’heure sécurité sont parfois résolus avec uniquement ce paramètre : former les personnes qui vont l’animer, leur donner toutes les chances de réussir.
Piège n°3 : donner aux animateurs des outils avec du contenu
Souvent, les préventeurs passent de nombreuses heures chaque mois à préparer des outils de ¼ d’heure sécurité et, dans 95% des cas, il s’agit de documents avec du contenu : le thème du mois, les statistiques, les rappels des risques et des mesures de prévention associées, les retours d’expérience, les flashs infos. Le manager reçoit ce document et va réaliser son animation grâce à celui-ci.
Donner du contenu pour l’animation va automatiquement avoir l’effet suivant : le ¼ d’heure sécurité va se transformer en temps de rappel de règles, en moment descendant, mal vécu par le manager comme par l’équipe. Le ¼ d’heure sécurité a, dans ce cas, un effet néfaste sur la vision de la prévention qui va être perçue comme un sujet ennuyeux et répétitif.
De plus, avec ce mécanisme, les règles rappelées par le manager sont, pour leur grande majorité, déjà connues par les salariés. Or, rappeler des règles à des personnes qui les connaissent déjà n’est pas une technique efficace.
Le ¼ d’heure sécurité ne doit pas être une “réunion” qui permet de passer des messages, de faire des rappels mais véritablement un temps de réflexion, d’échange, de partage, de prise de recul. C’est ce ¼ d’heure-là qui a une très grande efficacité sur la chute de l’accidentologie et qui permet de travailler sur le facteur d’humain.
Des 1/4 d’heure à bout de souffle ?
Voici quelques points d’alerte proposés (parfois avec humour) par Graphito Prévention. Si vous constatez que l’une de ces alertes, génial ! Vous allez pouvoir améliorer les choses ! Mais il est temps de relancer une nouvelle dynamique au sujet de vos 1/4 d’heure sécurité.
- Vous constatez que les 1/4 d’heures sécurité sont des moments de transmission d’informations descendantes.
- Les préventeurs doivent sans arrêt mobiliser les managers pour les animer.
- Vous avez des remontées mais toutes sont sur le matériel et l’environnement.
- Personne ne prend de plaisir à réaliser les 1/4 d’heure.
- Les managers parlent 80 à 90% du temps.
- Les 1/4 d’heure n’ont pas vraiment d’impact sur le changement des habitudes sécurité.
- Les salariés trouvent que les 1/4 d’heure sont intéressants seulement s’il y a des croissants.
- Les équipes ne se rappellent plus du sujet du 1/4 d’heure seulement 3 jours après celui-ci.
- Les managers pensent que ce n’est pas vraiment leur rôle d’animer les 1/4 d’heure.
- Plus personne n’a d’idée de sujets.
- Les 1/4 d’heure sont participants mais ils débouchent toujours sur la “liste du père Noël” ou la liste au préventeur : il faudrait plus de temps pour …, achetez-nous ceci ou cela, réparez telle ou telle chose, inscrivez-nous en formation.