La visite sécurité est un outil majeur dans la palette des actions prévention à déployer dans l’entreprise.
Elle est un outil managérial indispensable à mettre en œuvre aux cotés des outils comme : le quart d’heure sécurité, le Brief (ou top 5, ou prise de poste), l’accueil, la communication suite à accident ou presque accident…
Qu’est-ce qu’une visite préventive ?
Il est important de ne pas confondre la visite avec l’audit, qui correspond à une liste de points de contrôle à réaliser en utilisant généralement une check-list.
Souvent, le document utilisé lors des visites est tellement riche que l’on bascule de la visite vers l’audit. Cet autre outil managérial est intéressant mais n’a pas la même vocation et la même utilité.
La visite est souvent revisitée, adaptée d’une entreprise à l’autre. Cette visite prend des noms très variés :
Visite sécurité, visite préventive de sécurité (VPS), visite hiérarchique de sécurité (VHS), visite d’observation préventive (VOP), visite comportementale de sécurité (VCS), GEMBA (mot japonais signifiant : « la ou se trouve la réalité »), Golooksee, tour terrain, ronde sécurité, échange sécurité.
Sous ces noms de visite, il y a mille et une façons de faire. Le but de ce partage est de vous donner quelques clés pour améliorer votre façon de faire. Chaque principe, chaque système présente des atouts mais a aussi des limites.
Les différents types de visite
La visite devenue un audit
Pour bien faire les préventeurs ont fourni une fiche avec des points de contrôle. En d’autres termes, nous avons confié aux visiteurs un tel nombre de points de contrôle à vérifier à observer qu’ils sont devenus de véritables auditeurs.
Avantage : Cette approche permet de montrer l’implication du visiteur et permet de d’améliorer la qualité règlementaire.
Limite : Nous n’utilisons pas la compétence managériale, l’échange tourne vite autour des points manquants, la visite devient souvent un moment assez technique ou l’humain disparait derrière les points de contrôle.
La visite rencontre
Le manager arrive sur le site se présente et explique la démarche puis il discute avec l’équipe.
Avantage : le manager se rend visible et échange sur des points prévention.
Limite : Dans cette situation aucune base factuelle à cette conversation. La prévention est donc basée sur des éléments subjectifs. Cela n’est donc pas toujours très constructif.
La visite “tour terrain”
Le manager arrive sur le site, se présente et explique la démarche (si nécessaire) puis fait un tour de la zone et observe puis discute avec l’équipe.
Le tour terrain permet de détecter des points d’écarts sur du matériel, de l’environnement, du rangement et des écarts instantanés comme le non port d’EPI par exemple.
Avantage : le manager se rend visible, il repère des éléments factuels, il s’intéresse à ce qui est réel et le débrief porte sur des observations précises indiscutables.
Limite : ces observations sont majoritairement axées sur des points de matériel et d’environnement et pas sur des éléments de facteurs humain. Les individus sont observés sur un instant pas dans la durée.
La visite d’observation
Le manager arrive sur le site se présente et explique la démarche et indique à l’équipe qu’il va procéder d’abord à un temps d’observation de 15 minutes avant de revenir pour un temps d’échange.
Avantage : Le manager se rend visible, il prend réellement du temps pour observer les façons de faire, les méthodes, l’organisation. Le débrief portera alors réellement sur des façons de faire, des interactions entre individus, des habitudes. Le facteur humain sera ici au cœur du sujet.
Limite : Le temps d’observation peut générer une certaine appréhension et un stress pour l’équipe et certains observateurs sont aussi régulièrement stressés d’être dans ce rôle.
RÉUSSIR LA VISITE, C’EST FORMER LES VISITEURS
La visite est un outil extrêmement efficace si sa mise en œuvre est réussie. Ainsi pour obtenir une efficacité maximale, un temps d’observation est à mettre en œuvre.
Vous constaterez que ce temps d’observation peut rapidement disparaitre si vous n’accompagnez pas régulièrement les visiteurs. La formation des animateurs des visites est selon nous absolument indispensable.
Dans le cadre de la formation, ils vont comprendre la visite, apprendre à l’animer efficacement et à avoir la bonne posture.
Attention ! Efficacité des visites en danger : quelques indicateurs
- Le volume des visites diminuent de mois en mois. D’ailleurs, de nombreuses visites sont réalisées en fin de mois, presque à la chaine pour atteindre les objectifs.
- Les visites ne remontent que des problématiques de matériel et d’environnement.
- Les visites sont faites et le bilan c’est RAS.
- Les visites se font en même temps que d’autres rencontres.
- Les visites sont tous les jours
3 questions à …
Dans quel contexte avez-vous mis en œuvre les visites sécurité?
« Le contexte initial était que notre accidentologie restait stagnante au sein de notre site, depuis plusieurs mois. Quand nous analysions les causes des accidents, nous nous apercevions que le facteur humain était systématiquement présent. Pour progresser dans nos résultats il fallait faire différemment, que cela passait par un développement de la culture sécurité.
La mise en œuvre des visites a été une décision prise par le Comité de Direction site, après une réflexion sur notre stratégie de prévention, avec comme objectif qu’elle développe fortement l’adhésion du management à sa mise en œuvre.
Le Codir a alors réfléchi et déterminé les besoins, les objectifs et les modalités de fonctionnement des visites sécurité : qui est visiteur ? Qui est visité ? À quelle fréquence ?, etc. »
Qui réalise ces visites?
« Les managers réalisant les visites sont un public assez hétéroclite : il y a des managers directs mais également des managers d’autres fonctions comme les fonctions supports (services méthodes, médecin, infirmière, réglementaire…) qui, grâce à ces visites, développent leur connaissance des réelles pratiques car elles sont plus rarement dans les ateliers.
Nous n’utilisons pas, d’ailleurs, le mot « visite » mais le mot « échange ». Ce mot est important pour nous ; il a une signification moins unidirectionnelle que le mot « visite ». Les collaborateurs apprécient ce moment d’échange oral, sans flicage ni surcroît de charge administrative. Cela crée un lien social. Les visités jouent vraiment le jeu ; ils discutent librement sur des thèmes de sécurité et sont très enthousiastes au moment de la prise d’engagements. Lors des échanges, nous souhaitons que les collaborateurs prennent un à deux engagements et certains souhaitent en prendre beaucoup plus. Parfois, les managers sont obligés de les modérer pour qu’ils se concentrent déjà sur deux engagements. Faire progressivement mais faire bien, c’est le maître mot. Depuis la mise en place de ces échanges sécurité, nous avons constaté que les collaborateurs échangent beaucoup plus sur le thème de la sécurité.»
Comment les avez-vous formés?
« Pour un sujet aussi important, nous avons souhaité uniformiser la compréhension des règles établies par les différents profils et consacrer une journée de formation pour avoir toutes les cartes en main. L’association d’une partie théorique à une autre pratique a permis vraiment d’alimenter le raisonnement sur les bonnes pratiques à adopter et de réaliser l’exercice une première fois avant le lancement officiel.
Vis-à-vis des salariés, la formation a permis de créer un lancement officiel de notre démarche et de démontrer son importance : nous souhaitons réduire nos accidents et nous donnons des outils simples à nos managers pour cela. Avec Graphito, nous avons choisi l’expertise et l’expérience.»
Damien DEFLANDRE, responsable HSE chez Pierre Fabre.