Les managers savent bien que l’exemplarité est l’une des premières valeurs attendues par leur équipe.
C’est donc un pilier de la posture managériale en prévention. Cependant, ce terme est souvent galvaudé. Nous avons l’impression que l’exemplarité est un état : soit nous le sommes, soit nous ne le sommes pas.
Il est important de définir la « posture managériale » non pas comme un état mais comme l’ensemble des gestes et des actions réalisées par le manager et visibles par les collaborateurs. Il ne faut pas oublier que les actions définissent la posture. Sans actions, la posture managériale n’est qu’une intention, une envie de bien faire.

L’exemplarité est subjective

“La plupart des individus a le sentiment d’être relativement exemplaire. On ne vous dira pas que l’on est parfait mais généralement les managers estiment faire ce qu’ils peuvent. Ils déploient un niveau d’exemplarité que Fabrice Reboullet aime décrire comme étant : « à la hauteur de ce que j’estime être suffisant ».

Et souvent, chaque groupe de l’entreprise pense que l’autre groupe pourrait faire mieux en termes d’exemplarité. La plupart des managers considère l’exemplarité comme un état : soit on est exemplaire, soit on ne l’est pas. Sur quelles bases évalue-t-on l’exemplarité ? A partir de quelle référence, de quel moment peut-on considérer que nous sommes exemplaires?

La définition du manager exemplaire est très variable d’un individu à l’autre. Pour certains managers, cela signifie : porter ses équipements de protections individuelles lors d’une visite sécurité ou tenir la rampe dans l’escalier. Quand on aborde des points comme l’utilisation du téléphone en conduisant, tout se complique car les managers n’ont pas forcément la sensation de ne pas être exemplaires en le faisant.

Ce qui est surprenant, c’est que la définition de l’exemplarité n’est pas la même d’une entreprise à une autre, d’une culture sécurité à une autre.

Comment faire apprécier la prévention auprès de ses collaborateurs?

Parler de niveau d’exemplarité plutôt que d’exemplarité

Le niveau d’exemplarité permet de déceler les acquis ainsi que les points sur lesquels il est possible de progresser.

Quand on demande aux managers de définir ce qu’est, à leurs yeux, l’exemplarité, cela se limite souvent à : porter ses EPI, respecter des allées piétonnes, tenir la rampe, etc. c’est-à-dire des éléments concrets qui sont très importants et même indispensables. Ils répondent également par de belles phrases, beaucoup plus difficiles à mesurer quant à leur mise en œuvre comme : faire ce que l’on a dit, répondre dans les temps aux questions ou suivre les actions.

Toutefois, vous constaterez que l’on a rarement comme réponse : réaliser mes visites sécurité sans avoir besoin que le préventeur me relance ou bien participer à l’analyse d’accident quand elle concerne un salarié de mon équipe.

Nous profitons de ces différences pour réaliser un exercice avec les managers. L’idée est que, collectivement, on puisse définir ce qu’est un bon niveau d’exemplarité. Chacun peut ensuite se rendre compte factuellement qu’il peut progresser en mettant en œuvre plus d’actions.

L’exemplarité n’est pas un état ; nous avons chacun un niveau d’exemplarité qui peut et qui doit progresser. Analysons les points sur lesquels nous pouvons développer cette exemplarité.

L’exemplarité s’analyse, l’exemplarité se développe, l’exemplarité s’améliore.

Comment développer le niveau d’exemplarité dans votre entreprise ?

Vous connaissez la citation célèbre du Docteur Albert Schweitzer : « L’exemplarité n’est pas une façon d’influencer. C’est la seule ».

Nous nous permettrons de nuancer cette citation. Ce n’est pas la seule mais une chose est sûre : c’est une condition préalable. Ainsi, l’exemplarité n’est pas forcément suffisante pour faire agir mais, assurément, pour faire agir, j’ai besoin d’exemplarité.

Toutefois, l’exemplarité ne se décrète pas. Elle se construit en mettant les personnes en action.

Prenons un exemple très concret : il y a quatre mois, nous avons accompagné des managers pour animer des ¼ d’heure sécurité collaboratifs. Après ces quatre mois d’animations régulières, nous avons pu nous entretenir avec différents managers. Lorsque la question suivante est arrivée : qu’est-ce que l’animation des 1/4 d’heure a changé pour vous ?

La réponse fréquente que nous avons reçue : « entre nous, je suis devenu beaucoup plus exemplaire ! »

Le fait d’animer concrètement et régulièrement a poussé l’individu à développer son exemplarité.

Le niveau d’exemplarité d’un CODIR qui réalise des visites sécurité dans un site est automatiquement plus haut que celui d’un CODIR qui ne les réalise pas.

Par conséquent, pour développer l’exemplarité, il s’agit de faire agir chacun en prévention. Chaque niveau de management doit réaliser des actions prévention. Il faut ensuite se poser régulièrement la question de son niveau d’exemplarité puis encourager chacun à faire progresser ce niveau d’exemplarité et surtout ne pas se reposer sur ses acquis.

Il est intéressant de se remettre régulièrement en question sur ce point pour réellement évoluer.

N’hésitez pas à faire cet exercice entre managers, entre préventeurs, une sorte d’autodiagnostic de votre exemplarité : identifiez vos acquis puis vos points faibles concernant des thématiques concrètes, des thématiques d’actions. Une fois identifiés, vous pourrez réduire ces points faibles.

Utiliser l’exemplarité comme moteur

Lorsqu’un salarié se blesse, les managers sont souvent surpris : « Je ne comprends pas pourquoi le salarié a pris ce risque. Je leur dis de faire attention! Je leur dis que leur santé est une priorité. » etc. Vous connaissez ces phrases.

Il n’est pas certain que les salariés entendent si souvent ce fameux « je leur dis ! ». La question de fond est la suivante : votre salarié a réalisé une action et s’est blessé. Mais au cours du dernier mois, vous, managers, combien de fois avez-vous stoppé une action à risques ?

C’est cela aussi l’exemplarité. Si vous voulez que vos salariés stoppent une action à risques, vous devez le faire avec eux de temps en temps. Être exemplaire, c’est montrer le chemin : interrompre une action pour prendre le temps de mettre en œuvre le matériel nécessaire, faire cesser une action pour demander au salarié de prendre du recul, de réfléchir avec lui pour choisir la bonne solution.

Être exemplaire, c’est aussi valoriser les bonnes pratiques.

Combien de fois avez-vous félicité un salarié qui a mis en œuvre une bonne pratique prévention au cours des quinze derniers jours ?

En tant que manager, valoriser une action de prévention par jour est un excellent moyen de développer votre exemplarité.

“FAIRE DES EFFORTS POUR AMÉLIORER SON EXEMPLARITÉ”

« Lors de mes interventions auprès de comités de direction, je pose souvent la question suivante : “Dans votre entreprise, qui a le plus besoin de développer son exemplarité?”. De façon assez fréquente, les comités de direction, après avoir dit qu’ils n’étaient pas parfaits, indiquent que les managers de proximité ont de réels progrès à faire sur ce sujet.

Lorsque je pose la même question aux managers de proximité, ils répondent comme les CODIR : « on n’est peut-être pas parfait mais ceux qui doivent vraiment progresser, ce sont nos dirigeants !».

Ces réponses sont généralement assorties d’exemples précis et concrets comme : « le directeur qui passe dans l’atelier sans chaussures de sécurité, la DRH qui descend les escaliers en courant, le PDG qui téléphone au volant … »

Ces diverses réponses ont au moins le mérite de montrer que dirigeants et managers de proximité portent un regard les uns sur les autres.

Au fond, chacun a le sentiment d’être suffisamment exemplaire. Le sentiment général est : « je ne suis pas parfaitement exemplaire mais je ne suis pas si mal. »

Il serait plus efficace de se dire : « j’ai tel ou tel niveau d’exemplarité et je fais des efforts pour m’améliorer sur tel ou tel point. »

Je croise rarement des personnes en train de faire sciemment progresser leur niveau de prévention et donc leur exemplarité.

Alors, n’hésitez pas à utiliser ces quelques idées pour encourager vos managers à améliorer leur niveau d’exemplarité. »

Fabrice REBOULLET, directeur de Graphito Prévention

Fabrice REBOULLET, directeur de Graphito Prévention et expert en stratégie prévention.

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