Le 28 avril 2018, aura lieu la journée mondiale de la sécurité. Il s’agit de l’occasion idéale pour faire briller la prévention au sein de votre entreprise. Mais comment réussir cet évènement ? Quels sont les pièges à éviter ? Comment faire durer les effets de la journée sécurité dans le temps ?
L’objectif d’une journée sécurité est de marquer les esprits en proposant aux collaborateurs un « temps fort » impactant qui place la prévention au cœur des priorités de l’entreprise. Il s’agit d’un moment fédérateur qui favorise le partage et l’échange autour de thèmes HSE incontournables. Un safety day est une occasion parfaite pour montrer la sécurité autrement, pour générer de l’envie et de l’adhésion. Mais pour atteindre ces objectifs, il y a plusieurs pièges à éviter…
Quels sont les pièges à éviter ?
Piège n°1 : une plénière qui endort le public
Très souvent, les journées sécurité débutent par une plénière. Ce moment est très important pour donner le ton de la journée et impliquer de façon positive la direction.
Mais attention ! De nombreux préventeurs organisent des plénières de plus de 1h30. Or au-delà de 45 min, les salariés décrochent et ne sont plus attentifs : arrive alors le « syndrome smartphone » ou le « syndrome papotage ».
Cela arrive d’autant plus lorsque le public est une population de terrain, peu habituée aux longues réunions ou conférences professionnelles. Nous vous conseillons donc de réaliser des plénières courtes de moins de 45 min et de ne pas sombrer dans les présentations PowerPoint.
Pour sortir de l’ennui : pensez au théâtre par exemple !
Piège n °2 : une journée déséquilibrée
Une bonne journée sécurité est, selon nous, une journée sécurité qui trouve l’équilibre juste entre :
– L’attractivité : les collaborateurs prennent du plaisir, s’amusent, garderont un bon souvenir de la journée,
– L’efficacité : les collaborateurs ont grandi en prévention, ils retiennent des messages forts et mettent en place des actions après l’événement.
Souvent, nous avons un déséquilibre fort qui conduit soit à :
– La journée que nous appelons “ouaf ouaf”, c’est-à-dire la journée qui est plus axée sur la forme que le fond, où le jeu est très présent mais sans véritable objectif pédagogique. Nous voyons parfois des entreprises mettre de gros budgets sur ce type de journée.
– La journée trop “sérieuse” où nous avons de très longs moments de “conférences”, beaucoup de rappels, de messages descendants.
Piège n °3 : Une journée marathon
Beaucoup de préventeurs souhaitent être exhaustifs sur ce type d’événements. Nous obtenons donc des journées sécurité avec cinq, six, voire sept thèmes différents avec des ateliers de moins de vingt minutes. Les collaborateurs vont alors devoir « digérer » sept messages-sujets différents dans un moment court. Malheureusement, ils ne retiendront que très peu d’éléments.
Nous préconisons de choisir au maximum quatre thèmes pour une journée sécurité. De la même façon, nous conseillons de ne pas réaliser d’ateliers de moins de 35 minutes. L’idéal étant de réaliser des ateliers de 45 minutes à 1 heure. Quand les formats d’ateliers sont trop courts, les collaborateurs passent d’atelier en atelier sans avoir le temps de s’imprégner du sujet et de l’approche.
Comment bien préparer votre journée ?
En amont de chaque événement, il est essentiel de bien cibler les objectifs et les message-clefs à faire passer. Nous vous conseillons de choisir deux à cinq thèmes à aborder au cours de la journée, correspondant aux risques majeurs auxquels sont confrontés vos collaborateurs. L’organisation logistique est un point essentiel dans la réussite de votre journée sécurité. Voici les questions essentielles lors de la préparation de votre journée.
– Le lieu : souhaitez-vous un événement plutôt sur site ou sur un site extérieur ? Quels sont les espaces et les salles disponibles pour vous accueillir?
– La cible : Quel accès allez-vous donner à votre journée? Un accès libre ou une inscription préalable? Combien de personnes sont concernées par cette journée? Doit-on créer des groupes en amont?
– Les horaires : Pensez-vous plutôt à des 1/2 groupes sur des 1/2 journées ou un groupe entier sur une journée entière? Pensez-vous à arrêter la production ou non de la société pendant cet événement?
– Les ressources humaines : qui pilote le projet? Quelle est l’implication des salariés dans l’organisation?
– Les ressources matérielles nécessaires : sont-elles disponibles au sein de l’entreprise ? Faut-il prévoir du matériel de location?
– L’enveloppe budgétaire est essentielle pour optimiser les moyens mis à disposition. Elle permettra de définir les orientations de votre événement.
Il faut absolument privilégier une approche participative pour une meilleur mémorisation et adhésion. Plus vos collaborateurs seront acteurs de cet évènement, plus ils en retiendront les messages véhiculés. Cette participation active est également le garant de l’adhésion à la politique prévention.
Les thèmes les plus demandés en 2017
– La vigilance partagée
– La culture sécurité
– La QVT (qualité de vie au travail ) / le bien-être
– Réfléchir avant d’agir
– Le plain-pied
– Le risque routier
Les ateliers qui ont le plus de succès en 2017
– L’atelier échauffement
– Les ateliers QVT : respiration, auto-massage
– Les ateliers théâtre
– L’atelier challenge scénario qui consiste à faire créer la communication par les salariés
– L’atelier Safety buzz qui consiste à recréer les principes d’un jeu télévisé
PAROLE D’EXPERT
“FAVORISER LES ÉCHANGES, LA RÉFLEXION, LA PRISE DE RECUL.”
« Nous imaginons et animons chaque année deux cents journées sécurité depuis plus de quinze ans et avons à notre actif plus de soixante ateliers et du théâtre prévention. Chaque journée est unique et correspond à un besoin spécifique. Nous sommes confrontés à beaucoup de journées qui tombent dans les pièges que nous partageons dans cet article : trop de contenus, trop de descendants, pas assez d’échanges, de partages. Souvent, le préventeur veut tout aborder, tout dire au cours de cette journée. Le salarié court d’un atelier à l’autre, survole des thèmes, échange très peu. Le temps de parole du salarié est souvent bien moindre par rapport au temps de parole de la direction ou des animateurs. Parfois, le budget pourrait être largement réduit en adaptant le cadre ou la logistique de l’événement. Ce sont des points sur lesquels nous sommes très sensibles car l’optimisation du budget d’une journée permet d’avoir un plan d’actions équilibré sur toute l’année. Je garderai toujours le souvenir d’un client qui était prêt à organiser une journée sécurité pour plus de 60 000 €, en repensant juste l’organisation de la journée, nous avons réalisé le même événement pour 20 000 € de moins. Selon moi, le principal atout d’une journée sécurité est de fédérer les collaborateurs autour de la valeur forte de la prévention en les rendant acteur, de leur donner envie de placer la sécurité comme une priorité. Je parle souvent de faire briller la sécurité grâce à une journée sécurité. Pour réussir ce défi, il est important d’utiliser des leviers comme : l’échange, la réflexion, la prise de recul. Une journée sécurité doit être associée au plaisir pour les salariés. Il est donc important de se mettre à leur place, d’imaginer quelle sera leur « expérience journée », ce qu’ils garderont en mémoire après la journée. Et enfin, nous ne pouvons pas tout attendre d’une journée sécurité. Il est important d’inscrire les effets de la journée sécurité dans le temps, de choisir des ateliers qui seront le début d’une démarche, ou qui pourront apporter des éléments concrets après la journée. La journée “one shot” est moins efficace. »
Fabrice Reboullet, expert en stratégie prévention, conférencier et directeur de Graphito Prévention