” Faire aimer la prévention ” : ce titre vous surprend peut-être ? Mais au fond, qu’a-t-il été mis en place pour que la prévention devienne une valeur partagée positivement par tous ? A quoi servirait-il d’investir du temps et de l’argent dans un projet que la plupart repousse ? Nous vous indiquons, ci-dessous, quelques principes qui permettent de développer une prévention collaborative et aimée de tous.
Lors de nos formations, nous demandons très souvent aux stagiaires : « Qu’est-ce que le mot prévention évoque pour vous ? ». Nous notons leurs réponses et nous constituons avec eux un « nuage » de mots. Malheureusement, suivant les entreprises, ressortent souvent les mots tels que : contrainte, règle, procédure, coût, temps (quand ce n’est pas « perte de temps » !). Bien sûr, nous récoltons également d’autres termes plus positifs comme : vigilance partagée, valeur, santé, anticipation, organisation…
Sur #viedepreventeur – la pastille humoristique de notre agence -, nous recevons régulièrement des témoignages qui parlent de cette vision négative de la prévention :
« Être un préventeur optimiste, c’est penser qu’on est utile ; être pessimiste, c’est penser comme les autres. »
« La légende raconte qu’un jour, la sécurité est devenue l’affaire de tous. »
Ou encore « Sur le terrain, un jour, on a parlé de sécurité en mon absence. »
Lors des diagnostics, les salariés, comme les managers, expriment souvent combien les actions de prévention sont vécues comme des contraintes. Pourtant, la prévention devrait être la plus belle valeur de l’entreprise car elle consiste à faire en sorte que l’on rentre le soir chez soi comme on en est parti le matin. C’est une valeur managériale très gratifiante à porter ; son objectif est positif pour tous et tout le temps, à la différence de certains autres sujets portés par le manager.
Alors, pourquoi la prévention est-elle perçue de façon aussi négative dans certaines entreprises ?
Peut-être parce que la prévention est transmise comme une liste de contraintes et d’obligations subies plutôt que comprises. Peut-être parce que la production est beaucoup plus suivie et valorisée. Nous allons vous donner quelques clés pour faire aimer la prévention.
Comment faire aimer la prévention ?
Comment sortir de cette vision faussée du HSE ? Comment impliquer l’ensemble des collaborateurs à développer cette valeur avec envie ?
Mettre du fun en prévention
La prévention a souvent une mauvaise image tant auprès des salariés que des managers. Cela provient du fait que la prévention rappelle des consignes majoritairement connues. Pour le salarié, ce flot de rappels est soit incompréhensible et trop dense soit trop simple voire infantilisant. Par exemple :
- La communication visuelle, comme les flashs ou les indicateurs, contient souvent beaucoup de texte mais peu d’illustrations.
- Le livret d’accueil comprend généralement de nombreuses pages que personne n’a envie de lire.
- Les formations prévention prennent parfois la forme de monologues avec un power-point ennuyeux.
- Les routines prévention sont des moments que les managers n’aiment pas animer face à des collaborateurs qui s’ennuient.
Et pourtant, ce n’est pas parce que la prévention est un sujet sérieux qu’elle ne peut pas être abordée avec plaisir et envie. Il est impératif que ce sujet certes grave génère l’adhésion. La plupart des préventeurs pense qu’il est compliqué de faire aimer la prévention. Ce n’est pourtant pas si difficile ; il s’agit de proposer des approches rendant ce sujet attractif. Pour ce faire, ne laissez pas vos salariés spectateurs, rendez-les acteurs ! Par exemple :
- La communication collaborative: passer d’une communication top-down à du bottom-up. Les salariés créent eux-mêmes les moyens de communication prévention (mascottes, vidéos, slogans…).
- Pratiquez une pédagogie active: faites participer vos salariés, faites-les animer, jouer…
- Grâce à de nouvelles techniques et des outils appropriés, les routines prévention (AIC, ¼ h, visite) sont appréciées des salariés qui y contribuent et s’expriment.
- La réalité virtuelle peut également être utilisée avec des exercices adaptés.
- Enfin, créer une Safetybox, espace interactif et participatif dédié à la prévention, pour faire vivre une expérience prévention unique et en équipe.
Communiquer positivement pour faire aimer la prévention
Pour de nombreux préventeurs, faire aimer la prévention représente un véritable défi car il s’agit de transmettre bien plus que ses connaissances. La prévention a besoin d’être partagée. Sans l’effet collectif, la culture prévention ne pourra pas se développer de façon durable et efficace.
Suite à la formation de 400 managers sur le thème « réagir efficacement face à des écarts ou des mauvaises pratiques », nous avons constaté que seuls 2% des managers avaient, au cours des 15 derniers jours, valorisé une bonne façon de faire. Dans la plupart des cas, le manager intervient pour indiquer ce qui ne va pas au niveau de la sécurité. Par exemple, un manager dit : « mes salariés ne portent pas leurs EPI ». En réalité, ses salariés portent déjà leur veste, leurs bouchons anti-bruit, leur pantalon, leurs chaussures de sécurité, c’est-à-dire pratiquement tout leur équipement. Mais le manager souligne qu’il y a un problème avec les EPI parce que tel salarié ne porte pas ses lunettes au moment voulu. Le même type de réaction peut se produire au sujet de tous les thèmes sécurité. Attention ! Il faut éviter de généraliser car ce genre de remarque peut pousser l’individu à tout abandonner. Au contraire, le manager doit relever les points positifs et valoriser ses salariés.
La prévention est un vecteur de performance.
La prévention est souvent mal perçue par le manager car elle représente un certain coût. Le préventeur doit alors lui démontrer que ce coût est rentable. A la question « Comment prouver la rentabilité de la prévention ? », nous pouvons citer quelques exemples : les formations sur le risque routier, sur le risque de plain-pied ou l’ergonomie et les formations managériales contribuent à réduire les accidents du travail, à diminuer l’absentéisme… Le type de formation abordée dépendra de divers facteurs comme l’implication de la ligne managériale, le choix de la stratégie mise en place. L’Association internationale de la sécurité sociale (AISS) a publié, en 2011, un rapport sur « le calcul du ratio coût / bénéfices de l’investissement dans la sécurité et la santé au travail» en interrogeant 300 sociétés dans 15 pays. Il en ressort qu’à chaque fois que l’entreprise investit 1 € dans la prévention, son retour potentiel est de 2,20 € conclus. De plus, la prévention est un critère de plus en plus observé par les clients potentiels. Elle participe à l’image de l’entreprise.
Le travail en prévention, c’est aussi l’art du détail, de la perfection. Rien ne doit être négligé si on veut obtenir de bons résultats. Les managers sont les porteurs du développement de la prévention. Ainsi, lorsque nous accompagnons une entreprise pour améliorer sa culture sécurité, toute la ligne managériale progresse. Les managers développent leurs compétences afin de donner aux salariés l’envie d’agir comme il le faut. Savoir stopper une opération, prendre du recul, se poser des questions et chercher à bien faire au lieu de faire vite, constituent une véritable capacité à l’excellence. Utilisez donc la prévention comme premier levier de développement des compétences. La prévention est un moteur de performance qui entraîne tous les autres.
“RENDEZ LA PRÉVENTION ACCESSIBLE !”
« Lors d’une rencontre de préventeurs pour travailler sur l’évolution de la prévention, chacun prenait la parole pour présenter différentes pistes. Quand cela a été mon tour, voici ce que j’ai exprimé : « La prévention doit évoluer et de nombreuses propositions sont intéressantes mais quel que soit le principe retenu, il ne faut jamais oublier une chose : mettez tout en œuvre pour faire aimer la prévention. Depuis l’origine de Graphito, j’ai toujours recherché à rendre la prévention accessible et appréciée. »
Fabrice REBOULLET, directeur de Graphito Prévention et expert en stratégie prévention.