Nous entendons beaucoup parler du « comportement » comme une origine majeure des accidents du travail.

Alors, pourquoi vous éveiller avec ce titre qui peut vous surprendre ?

Si je demande à un préventeur ou à un manager :

« C’est quoi, pour vous, un accident de comportement ? »

Dans la réponse, on me parle toujours des problématiques de choix de la personne. L’individu a arbitré et, à ce moment-là, face à cette situation donnée, a fait tel ou tel choix qui a généré un accident. Des choix dans une mauvaise direction alors qu’il ou elle aurait pu faire des choix évitant l’accident.

Ce contexte est donc un accident de comportement.

L’accident de comportement a tendance à recentrer la problématique sur l’individu.

« Mais il aurait pu faire autrement ! » 

Et pourtant, les comportementalistes nous montrent bien, avec toutes sortes d’expérimentations mesurées, que si nous avions été à la place de ce salarié et dans les mêmes conditions que lui, la grande majorité d’entre nous aurait agit de la même façon.

Robert-Vincent Joule, un des plus grands chercheurs contemporains sur ce sujet, nous prouve que :

Le comportement ne tient pas à la personnalité, à des convictions ou à une conception personnelle mais à des circonstances.

le comportement à l'origine des accidents ?

Le comportement des salariés est guidé par des circonstances, par le contexte.

Prenez un salarié qui a un comportement considéré comme déviant dans une entreprise A. Ce salarié change de société. Il change de manager, d’environnement. Sa nouvelle entreprise a une culture sécurité bien plus développée. Et là, miracle ! En deux ou trois semaines, parfois moins, ce salarié intègre les bonnes pratiques en sécurité. Il a un « bon comportement » en prévention. Le même salarié s’est fondu dans cette culture.

Le sens de cet article est de remettre l’accent sur le fait qu’un accident dit « de comportement » est un signal du niveau de culture prévention de l’entreprise, de l’unité du service.

Il n’est pas forcément lié à l’individu. Les kamikazes existent mais il n’y en a pas tant que cela. Dans la plupart des cas, nous aurions eu le même comportement que ce salarié si nous avions été dans ces conditions.

Alors, il est essentiel de concentrer ses efforts sur l’implication de l’ensemble de la ligne managériale en prévention afin de placer tous les collaborateurs dans un environnement où ils seront « portés » véritablement par un haut niveau de culture sécurité.

Je reviendrais sur le comportement et la ligne managériale dans l’article 3 dans une quinzaine de jours.

Cet article fait partie d’une série sur le thème « comportement et prévention » :

Article 1 : pourquoi faut-il arrêter d’utiliser le terme de comportement ?

Article 3 : la meilleure raison pour ne plus associer « comportement » et accidentologie !

Article 4 : les accidents de comportement, c’est du grand n’importe quoi !

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