Voici l’histoire d’un salarié que je nommerai Marcel, rencontré lors d’une session de sensibilisation sur le thème des accidents de plain-pied.

Marcel, dès le début de la session, intervient :

La prévention, ça devient du grand n’importe quoi !

Je le questionne :

C’est fort ce que vous nous dites, pouvez-vous nous expliquer ?

Marcel précise :

Je suis à la logistique. Il y a trois mois, lors du déchargement d’un camion, un carton en haut d’une palette commence à tomber. Pour éviter la casse, j’ai le réflexe de le retenir. Malheureusement, son poids est trop important et je n’arrive pas à le retenir. Le carton tombe et je me tords le doigt. Suite à ça, on me convoque à l’analyse d’accident et je vous passe les détails. Mais conclusion : accident de comportement !

accident de comportement du grand n'importe quoi

Je lui dis alors :

–         Vous voulez dire que vous vouliez bien faire ?

Il répond :

– Oui, c’est ça. On cherche à bien faire et on nous dit qu’on n’a pas le bon comportement ! C’est quand même dingue !!!

En d’autres termes, l’analyse d’accident n’a pas été réalisée correctement pour laisser chez Marcel une trace aussi négative. L’analyse a peut-être été faite à charge mais le terme de « comportement » vient renforcer ce sentiment.

Des exemples de ce type, il y en a des centaines.

Quand je demande aux préventeurs de me citer quelques exemples d’accidents de comportement, ils me donnent souvent celui de la personne qui a chuté dans l’escalier à cause de la précipitation avec, en plus, les bras chargés de son ordinateur portable.

Là encore, du point de vue de l’employé, son « comportement » est normal et positif : il se dépêche pour servir ses clients, pour servir l’entreprise. S’il se voit classé dans la catégorie des accidents de « comportement », cela risque fort de le braquer durablement contre la prévention.

Cette approche liée au comportement va souvent être vécue comme injuste car :

–         Je fais au mieux.

–         Tout le monde fait comme ça.

–         Mon chef venait de me dire : « va vite sur le chantier pour résoudre le problème… »

Donc mon « comportement » est bien positif mais j’ai eu un accident.

C’est donc un autre problème.

Et l’individu va vivre une incompréhension totale lorsque le préventeur, lui, catégorisera l’accident comme un accident de comportement.

Merci d’avoir suivi ces 4 articles et ces 4 bonnes raisons pour laisser de côté ce terme de « comportement ». Et au plaisir de vous croiser pour échanger, réfléchir et partager au sujet de la prévention.

Article 1 : Pourquoi faut-il arrêter d’utiliser le mot comportement en prévention?

Article 2 : Et si le comportement n’était pas à l’origine des accidents ?

Article 3 : La meilleure raison de ne plus associer « comportement » et accidentologie !

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